Le bocal de verre, un objet d’utilité public

Contrairement au plastique, créé à la fin du 19e siècle, le verre ne date pas d’aujourd’hui ! 

Retrouvés dans des régions d’Asie Mineure, de Mésopotamie et d’Égypte ancienne, des morceaux de verres ont été datés d’environ 5 000 ans avant JC. Cette matière séduisait déjà les premières civilisations humaines par son esthétisme, ses qualités de stockage et de conservation pour l’huile, le vin, le parfum ou encore les médicaments.

Quelques milliers d’années plus tard, à l’heure des nanotechnologies, de l’intelligence artificielle et des voyages touristiques dans l’espace, le verre fait toujours partie de nos meilleurs alliés pour la conservation de nos aliments… À juste titre !

Comparé à son cousin le Tupperware en plastique, le bocal en verre ne nécessite que peu de matières premières pour sa production. Il est donc beaucoup plus simple à recycler, mais aussi plus pratique à réutiliser puisqu’il ne s’abîme pas à l’usage (sauf accident bien sur !). Chimiquement inerte, sa matière n’altère pas notre santé, contrairement au plastique.

Le verre en fusion

Avant de s’étendre sur le sujet, pour mieux comprendre d’où viennent toutes ses caractéristiques, il est important de mieux comprendre d’où vient le verre et comment il est fabriqué aujourd’hui.

Son composant de base est le sable ou, plus précisément, la silice qu’il contient, et qui a la fâcheuse tendance à ne fondre qu’à des températures très élevées. Alors, pour faciliter le processus, on lui ajoute des fondants comme la soude, la potasse ou la chaux. On ajoute également de l’eau et des débris de verre recyclé que l’on nomme « calcin ». Enfin, on insère quelques additifs en fonction de l’usage qui sera fait du verre : de l’oxyde de magnésium pour rendre le verre plus résistant ; de l’oxyde de fer pour donner au verre une teinte verdâtre.

Le mélange est ensuite passé au four et porté à une température d’environ 1.500 °C, c’est la fusion, pour que le mélange sableux se transforme en verre liquide. Avant son refroidissement, le verre peut être mis en forme selon différentes techniques. Il peut, par exemple, être soufflé, coulé dans un moule ou encore flotté sur un bain d’étain.

Le verre a ensuite généralement besoin d’être refroidi sans écart de température trop brusque qui rendrait l’emballage fragile. On a donc recourt à une recuisson à des températures allant jusqu’à 600 °C.

Pour améliorer encore sa résistance, on peut procéder à la trempe du verre : après avoir été chauffé à quelque 600 °C, le verre est rapidement refroidi sous l’effet d’un ventilateur à haute pression.

Et pour finir, la qualité des emballages est contrôlée par différentes machines avant mise en circulation. Ceux qui présentent des défauts (souvent dus à des mauvaises qualité de calcin et donc de tri) sont éjectés et transformés de nouveau en calcin.

Le verre est recyclable à l’infini… Oui, mais à quel prix ?

Vous l’avez certainement déjà entendu plus d’une fois, cette petite phrase qui nous conforte lorsqu’on entend le bruit de nos toutes jeunes bouteilles déjà cassées dans le silo à verre : « [Ne vous inquiétez pas], le verre est une manière recyclable à 100 % et à l’infini ! »

C’est vrai, le verre peut être refondu et remis en forme à l’infini… Une bouteille peut en effet, sans perte de qualité, contenir jusqu’à 90 % de verre recyclé. Cependant, si la collecte de verre usagé se fait sans distinction de couleur, comme c’est le cas en France, le verre recyclé sera forcément un verre coloré. Impossible de fabriquer du verre blanc avec du calcin issu de nos silos !

Résultat, nous recyclons en partie notre verre, mais nous refabriquons aussi sans cesse du verre « neuf ». Ainsi, la fabrication de 1 tonne de verre engloutit l’équivalent de 105 kilos de fioul et de 22 kg de bois ! Sans compter l’impact du transport… Très lourds, le verre transporté, qu’ils soit cassé pour être refondu, ou neuf pour être livré aux distributeurs a un impact écologique important puisqu’il nécessite du carburant et de faire tourner des camion qui émettent des gaz à effet de serre qui participent au dérèglement climatique. In fine, une bouteille de 1 litre en verre génère au cours de son cycle de vie 345 grammes équivalent CO2, contre 129 grammes pour une bouteille en plastique.

Alors, que fait-on, on choisit les emballages en plastique ?

Bien sûr que non, vous vous en doutez ! L’impact écologique de l’extraction de la matière première du plastique (le pétrole) et les multiples conséquences en terme de pollution des eaux et des sols du plastique est beaucoup trop importante ! Seules solutions : réduire au maximum l’achat d’emballage en verre (acheter en vrac ou en bocaux consignés), et réutiliser !

Acheter en vrac, c’est l’assurance d’économiser des emballages inutiles, de ne pas rapporter avec soi autant d’emballages, qu’ils soient en plastique, papier ou verre que de produits. Justement, pour nous aider, Zéro déchet Lyon termine d’actualiser le site internet www.abracada-vrac.com qui sera prêt début mai pour nous aider à identifier dans quelle épicerie trouver les produits du quotidien, alimentaires ou ménagers, dont nous avons besoin… Vous serez étonnés de découvrir tout ce qu’on trouve près de chez nous !

Dans tous ces commerces, les bocaux sont les bienvenus pour y verser sa quantité de produits, secs ou liquides. Les sacs à vrac aussi, évidemment, pour éviter de transporter tous ses bocaux ! Dans ces mêmes épiceries, et dans d’autres petits commerces, vous trouverez peut-être des adeptes de la consigne ! C’est LA solution, celle que nous avons laissé tomber il y a bientôt quarante ans au profit…[devinez ?]… du plastique [bravo!] ! Des emballages suffisamment solides pour être collectés et lavés localement avant d’être réutilisés, c’est tellement plus évident ! Et c’est ce que s’attellent à remettre en place localement des structures comme Rebooteille pour les bouteilles de bière et vin ou La Gamelle consignée pour les plats à emporter. Des traiteurs-restaurateurs proposent aussi de consigner leurs propres emballages en verre comme Fenotte (Lyon 9e), Les dames de la cantine (Lyon 1er), Fruta Madre (Lyon 4e), La tête dans le local (Lyon 7e), Le point nommé (Lyon 2e) ou encore…

Où trouver ou donner des bocaux ?

Et après des semaines, mois, voire des années de bons et loyaux services, il sera peut-être nécessaire de dire au revoir à certains de nos pots ou bocaux en verre. Mais n’oublions pas qu’il peuvent parfois trouver une autre vie dans une nouvelle famille ! Pensez d’abord à vos voisin·es ou collègues qui seront peut-être preneurs·euses ? Vous pouvez également apporter pots, bouteilles et bocaux dans la plupart des épiceries vrac qui les mettront à dispositions de leurs client·es. Et si vous avez un panier bien rempli, Recup & Gamelles et sa Bocalerie solidaire ou encore l’association GRAILLE seront ravis de les adopter !

Enfin, pour les plus créatifs·ves, des dizaines d’options de transformation existent pour garder ses bocaux au sein de la famille, du simple vase au luminaire, en passant par la transformation en terrarium !

Et parce que les circuits les plus courts sont toujours les meilleurs, commencer par discuter de toutes ces idées avec nos voisin·es ou nos collègues  sera souvent l’occasion d’inspirer pour diffuser largement ces pratiques… Alors, à vos bocaux !

Sources :

  • www.futura-sciences.com, “Découvrez la fabrication du verre en 5 étapes, 2021”
  • lexpansion.lexpress.fr, “Verre-plastique: bataille pour une étiquette écolo”, decembre 2011