To print or not to print ?

Ctrl + P [1]… ok … Et hop : imprimé !

Un geste du quotidien pour beaucoup d’entre nous, facile et rapide, effectué parfois par automatisme, sans trop penser à ce qu’implique cette action.

D’après l’Ademe [2], chaque salarié consomme en moyenne 3 ramettes de papier par mois, soit 1 500 feuilles, ce qui équivaut à environ 10 feuilles à chaque heure travaillée ! De quoi donner le vertige… D’autant que parmi ces 80 kg de papier que nous utilisons chaque année, 1 feuille sur 6 n’est jamais lue (oubliée à la reprographie par exemple) et 1 feuille sur 4 est jetée dans les 5 minutes après son impression !

Un savoir-faire ancestral venu de Chine

Commençons par un petit retour en arrière. C’est à la Chine [3] qu’est attribuée la plus ancienne utilisation du papier, au IIème siècle avant notre ère : un papier fabriqué à partir de fibres végétales (chanvre et lin principalement) qui, après avoir trempé dans l’eau, s’agglomèrent grâce à la cellulose présente dans ces fibres. Elles sont ensuite essorées et séchées pour devenir une surface plane sur laquelle on peut inscrire des signes. Au fil du temps, la composition du papier évolue, allant des fibres de chanvre et de lin, à des fibres de bois, comme on le produit aujourd’hui, en passant par la réutilisation de chiffons et de cordages effilochés.

Les outils de production ont eux aussi évolué, avec au départ un effilochage manuel des fibres, qui progressivement a été mécanisé grâce à des moulins à papier. L’accélération de l’industrie papetière a enfin permis de développer des machines toujours plus efficaces, à l’époque de l’invention de l’imprimerie et dans les siècles qui suivirent, avec toujours la nécessité d’une grande quantité d’eau.

Aujourd’hui, ce sont plus de 4 millions de tonnes de papier qui sont distribuées sur le marché français chaque année [4], et contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’arrivée des outils numériques n’a pas ralenti cette consommation ! Pour fabriquer tout ça, il faut de l’eau, de l’énergie, mais aussi des produits chimiques permettant de traiter et blanchir le papier, générant une pollution des sols, de l’eau, de l’air… Et bien-sûr, pour faire du papier, il faut aussi du bois. Loin d’être toujours issu d’exploitation de forêts françaises, cette matière première nécessaire à la consommation de papier de notre pays, est parfois responsable de la déforestation dans certaines régions du monde (Indonésie et Brésil notamment [5])…

Alors, au boulot !

Nous l’avons compris, les raisons sont nombreuses de mieux gérer notre consommation de papier, ressource précieuse ! Et au travail, c’est souvent un sujet de discussion avec les collègues, car nous prenons rapidement de mauvaises habitudes. Heureusement, les solutions sont nombreuses et souvent à portée de main pour faire changer les comportements ! Alors, ambassadeurs ou pas encore, c’est l’occasion pour se lancer : allons-y !

Objectif n°1 : réduisons notre consommation de papier à l’impression

Réduire la consommation, c’est d’abord traquer particulièrement les impressions vouées à ne pas être lues ou oubliées dans l’imprimante… qui seront donc jetées sans même avoir été regardées. Les conséquences de ces habitudes sont loin d’être gratuites, pour la planète comme pour le portefeuille de l’entreprise ! L’Ademe estime que les impressions oubliées ou jetées sans être lues représentent 400 millions d’euros chaque année en France [6]… Alors, pour pallier en partie à ce gaspillage, certaines entreprises ont mis en place un système de validation de l’impression par badge sur la photocopieuse, ce qui oblige à réfléchir avant d’imprimer et évite aussi l’oubli de documents.

N’imprimer que si c’est vraiment nécessaire, c’est aussi savoir imprimer partiellement un document et éviter d’imprimer les photos, qui consomment beaucoup d’encre. Une fois le contenu intéressant sélectionné, ayons le réflexe d’imprimer en recto-verso, voire même d’imprimer plusieurs pages par feuille. Ces pratiques peuvent être facilement généralisées au moins sur une partie des imprimantes, qui peuvent être configurées par défaut, depuis l’imprimante ou depuis chaque poste de travail. Pensons également à parler des outils d’ « aperçu avant impression » de manière systématique afin d’éviter les mauvaises surprises à la sortie du copieur !

Nous pouvons même aller plus loin, en réfléchissant en amont à la mise en page de nos propres documents : réduire les interlignes et les marges d’impression, optimiser la taille de la police, s’abstenir d’insérer des pages blanches entre les chapitres, etc. Penser à l’impression dès la création de nos documents permettra à tous les destinataires d’économiser du papier. Et si le document est conçu de manière à être facilement et rapidement lisible sur l’écran de l’ordinateur, sans avoir besoin de l’imprimer, alors, c’est gagné ! En effet, c’est seulement si la lecture d’un document à l’écran dépasse 3 minutes par page que l’impression (en noir et blanc, recto-verso et 2 pages par feuille) a moins d’impact sur le réchauffement climatique [7] : un chiffre important à avoir en tête et à rappeler à nos collègues !

Objectif n°2 : récupérons le papier

Avant de le jeter à la corbeille, le papier imprimé sur une seule face peut encore servir à de nombreux usages ! Nous pouvons proposer de mettre en place des bacs à brouillons, disposés près des imprimantes, des postes de travail ou bien dans le local reprographie. Il pourra alors être réutilisé comme brouillon, à la place de feuilles entièrement blanches qui servent parfois pour de simples notes de réunion… Et pourquoi pas s’organiser pour que ce papier puisse être utilisé pour de nouvelles impressions sur l’autre face ? Ou bien encore pour confectionner de très beaux carnets de brouillons dont vous ferez bientôt des jaloux !

Objectif n°3 : privilégions l’utilisation d’un papier adapté et respectueux de l’environnement

Pour une consommation de papier mieux maîtrisée, il est important de bien cibler ses besoins en termes de grammage : il existe en effet des papiers de différentes qualités qui pourront s’adapter aux usages de chacun. Si le papier n’est utilisé qu’en interne par exemple, il sera sans doute suffisant d’utiliser du papier de 60 ou 70 g/m2, faisant intervenir moins de matière première que du papier classique de 90 ou 80 g/m2.

Ensuite, plusieurs critères peuvent être étudiés lorsque l’on souhaite mieux se fournir en papier : la provenance du bois, l’origine des fibres utilisées, la gestion environnementale des sites de production, ou encore le fait que le papier soit recyclé ou non. Côté labels, pour les papiers d’impression respectueux de l’environnement, le label FSC et la certification PEFC garantissent la provenance des fibres de bois. L’Ecolabel Européen, le label Ange Bleu et le Cygne Blanc distinguent, quant à eux, une démarche respectueuse de l’environnement sur le cycle de vie complet du papier.

Mais d’après Ecofolio [8], même avec une certification ou une labelisation, un papier « neuf » aura toujours plus d’impact qu’un papier issu de la filière de recyclage, qui mobilise environ trois fois moins d’eau, trois fois moins d’énergie et permet de réduire de 30 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à la production de papier à partir de fibres vierges. Restons néanmoins attentifs à la provenance de ce papier recyclé, en le préférant transformé le plus localement possible !

Et n’oublions pas que ce cercle vertueux du recyclage n’est rendu possible que grâce au geste de tri :

Un papier recyclé est un papier trié !

Objectif n°4 : mieux trier pour mieux recycler !

Le papier représente en moyenne 75 % des déchets de bureau. Mais malgré cette proportion importante, ces déchets papier sont loin d’être suffisamment recyclés, avec seulement 20 % de papier trié au bureau [9]. Pourtant, le tri des déchets papier et leur collecte différenciée sont imposés par le « décret 5 flux » pour les structures employant plus de 20 personnes depuis le 1erjanvier 2018 [10]. Et quand on sait que le papier peut se recycler jusqu’à 7 fois [11], ce serait dommage de s’en priver ! Alors, communiquons auprès de nos collègues sur les consignes de tri spécifiques à l’entreprise, tout en positionnant, à côté des bacs à brouillons, des corbeilles à papier au plus proche des postes de travail et des locaux reprographie.

Et pourquoi ne pas aborder le sujet à la prochaine pause-café, ou organiser des petits quiz sur le sujet pour sensibiliser et faire prendre conscience des enjeux ?

Vous l’avez compris, les petits gestes sont nombreux pour des changements aux impacts réels pour la planète ! Alors, pour vous aider dans votre mission d’ambassadeur, à diffuser ces bonnes habitudes dans vos lieux de travail, nous vous avons concocté de belles affichettes à installer où vous voudrez, afin de sensibiliser vos collègues !

Alors… Ctrl + P ?

[1] Raccourci clavier pour lancer une impression sous Windows

[2] Infographie « écoresponsable au bureau » de l’ADEME

[3] Histoire du papier d’après Ecofolio

[4] Guide « Normes et labels environnementaux pour les produits papiers » de l’ADEME et Ecofolio

[5] https://www.wwf.fr/champs-daction/foret/approvisionnement-responsable/papier

[6] Infographie « écoresponsable au bureau » de l’ADEME 

[7] « Analyse comparée des impacts environnementaux de la communication par voie électronique », ADEME

[8] Guide « Normes et labels environnementaux pour les produits papiers » de l’ADEME et Ecofolio 

[9] Infographie « écoresponsable au bureau » de l’ADEME

[10] Infographie « écoresponsable au bureau » de l’ADEME 

[11] Guide de l’ADEME